La plupart des gens, le plus souvent, bougent plus vite que nécessaire. Je ne parle pas de courir pour attraper le bus, mais bien de cette façon de fonctionner avec un impératif interne, un système nerveux agité et un esprit hyperactif qui nous fait pianoter sur la table en attendant notre café, jouer avec notre téléphone sans en avoir besoin, presser le pas par simple habitude. Ces mouvements sont générateurs de stress mais ils nous donnent le sentiment d’avoir un but, comme si notre allure et notre posture proclamaient : « regardez comme je suis occupé et important, je n’ai pas le temps de traîner ». « J’ai tant à faire », soupirons-nous, comme si nous voudrions qu’il en soit autrement.
Mais restons-nous assis là, nous abandonnant au vide dès que nous avons un instant ? Bien sûr que non : nous nous dépêchons de remplir ce temps !
Ralentir est un art et une pratique.
Lorsque nous avons emménagé dans notre centre de méditation, il n’y avait rien. Pas de portes, pas de planchers, ni de plafonds. Nous nous sommes attelés à rénover le lieu, à planifier des retraites et à régler les formalités. Au cours de ces premières semaines, je me suis souvent retrouvé à monter quatre à quatre les volées de marches. Mon esprit était déjà tout en haut, obnubilé par ce que j’avais à y faire, et mon corps courait derrière lui.
Lorsque je m’en suis aperçu, je me suis fixé pour pratique de ralentir. Pas qu’il ne me soit plus jamais arrivé de monter l’escalier en courant, mais je m’attachais à ne pas laisser mon esprit prendre l’avance sur mon corps.
Cette pratique de la présence a complètement changé mes journées. Mon corps s’est un peu détendu, mais surtout, mon esprit a ralenti. La relation que j’entretenais avec le mouvement et l’action a changé. Je me suis senti plus spacieux, moins précipité. J’ai découvert une vérité mystérieuse et contre-intuitive : on a plus de temps lorsqu’on ralentit. Car le temps est subjectif. La précipitation renforce la pression du temps. Vous vous sentez écrasé, bousculé. Ralentir apporte de l’aisance, de la douceur et de la détente.
Avant d’y prêter attention, on ne se rend souvent pas compte que l’on court. Même le thé, nous essayons de le faire rapidement, comme s’il était possible de faire bouillir l’eau plus vite.
Il peut y avoir une bonne raison de faire quelque chose rapidement, il n’y a jamais de bonne raison d’agir dans la précipitation.
Réflexion proposée par l’auteur ( et par moi!)
Regardez comment vous montez l’escalier. Préparez le thé. Vous lavez les dents. Vous habillez. Faites la vaisselle. Ou les courses.
Soyez à l’affût de cet impératif intérieur qui vous fait vous sentir occupé.
Celui-ci réduit votre sens de vous-même à un agent appelé moi qui vous pousse dans une perpétuelle fuite en avant, qui est focalisé sur ce que je fais et où je vais.
Que se passe-t-il si vous vous adoucissez et ralentissez, même un peu ? Sentez comment cela modifie votre expérience. Votre sens de vous-même. Votre capacité à vous sentir à l’aise en cet instant.
Martin Aylward Vipassana (Tricycle, 5 janvier 2022) Trad. Françoise
" Si je devais définir le but et la direction de la pratique, je dirais: zazen est zazen. (...) Cela ne renvoie pas seulement à la forme assise du zen. Cela signifie pratiquer chaque chose, chaque activité pour elle-même.
Dans votre travail et votre vie de tous les jours, chaque activité est une fin en soi.
De cette manière, aucune signification spéciale n'est attachée à quoi que ce soit."
L’essence du Zen de Sekkei Harada,
-- Il s’agit plutôt que « ralentir » de présence- la présence est toujours présence à soi et au monde- ce qu’il décrit nous montre enfermé dans notre esprit
Temples zen : rapide mais présents ! Ex repas, préparation cuisine..
Un art ! Car corps et esprit : un, juste « ici et maintenant » sans fermeture : à soi et au monde : un !
- on revient à « sati » : où êtes-vous, plus exactement où est votre esprit… ?
Regardez.. ?.moi par ex quand fin youtube, je range ici, je prends mon ordi..;et je suis déjà arrivée ds ma tête ds mon bureau.. Challenge : passer de la salle de méditation au couloir, puis au bureau… !
- donc devoirs de vacances : se poser la question : où suis-je ? Le corps ? Et la tête ?! Un ou deux...dans cette pièce ou une autre...à ce moment ci ou à plus tôt ou plus tard…
- de temps , comme au jeu un, deux, trois soleil ! Se dire Stop ! ..et se regarder !
Sébastien Bohler : ralentir, une volonté du cerveau
Ralentir peut paraître désagréable. Il y a sûrement une "rééducation de l’existence" à opérer. Et si on se mettait à ne rien faire ? En fonction des personnalités, certaines personnes y trouveront plus de facilité, tandis que d’autres moins. Parce que ralentir, c’est le risque de se retrouver face à soi-même. Il y a sûrement une "rééducation de l’existence" à opérer. Et si on se mettait à ne rien faire ? En fonction des personnalités, certaines personnes y trouveront plus de facilité, tandis que d’autres moins.
C’est le réseau de mode par défaut, un ensemble d’aires cérébrales qui s’activent... quand on ne fait rien. C’est ce réseau neuronal qui nous permet de rêvasser, de vagabonder mentalement. Il est indispensable pour se sentir exister en tant que soi à la première personne. Quand on est tout le temps accaparé par des tâches du quotidien, nous empêchons ce réseau de s’éveiller.
Zazen !
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