Alors bien sûr je vais parler de cette nouvelle année parce que je pense que ce qui est important, quand on aborde une nouvelle année, c'est de faire de l'espace- on va un peu s’alléger de toutes les choses qu’on trimballe d’une année sur l’autre « au cas où...ça peut toujours servir.. . »
Je parle des choses concrètes mais surtout de notre tête.
Il y a des choses concrètes qui prennent une importance énorme dans notre tête..et puis il y a toutes les choses qui sont dans notre tête auxquelles nous nous accrochons, qu’elles soient positives, ce souvenir de cette merveilleuse journée, ( c’est passé) ou négatives, jalousie, rancune, etc « Après ce qu’on m’a fait.. »
Des toiles d’araignée, il y en a dans notre tête qui attrapent trop de choses, souvent celles qui sont sombres…
On peut déjà faire de l'espace de façon très concrète en donnant des choses, en les recyclant etc. c’est déjà un bon départ, parce que les choses ne sont jamais seulement des choses...mais surtout faire de l'espace dans sa tête, s'alléger.
Est-ce que on va vraiment emporter en 2025 tout ce qu'on a trimbalé déjà en 2024 et sans doute un certain nombre d'années avant ? Est-ce qu'il n’y a pas un certain nombre de choses qu'on pourrait déposer là, le 31 décembre au soir, au seuil de la nouvelle année, et puis enjamber ce seuil, d'une façon très légère…
Moi je trouve que faire ça de façon concrète, c’est intéressant, petits bouts de papier, ou autres formes...le concret donne beaucoup de force à nos décisions !
Écouter ce que nous dit M° Dogen: « lâcher prise, lâcher un peu pour voir « !
Voilà est-ce qu'on pourrait commencer l'année en lâchant un peu pour voir ce qui se passe ; bien sûr quelquefois on va lâcher... enfin on va poser pas trop loin pour pouvoir pour être sûr de pouvoir le rattraper, au cas où vraiment ça nous manquerait trop, ( mais pourquoi pas !? Il ne s’agit pas de se blesser, mais au contraire de mieux respirer) mais peut-être qu'on peut aussi essayer de lâcher complètement... laisser partir, abandonner, oublier, faire de l'espace dans notre tête et devenir vraiment plus léger, parce que parce que nous sommes lourds sur la terre.
Nous sommes lourds pour la terre et nous sommes lourds sur la terre et nous pourrions avancer d'un pas léger.
On avait fait un travail avec la Sangha du temple qui s’appelait « Retournez à l’essentiel dans votre vie »
Arrivé à l’âge adulte, nous avons en général amassé dans nos vies tout un tas de choses plutôt inutiles, ou encombrantes, à la fois sur le plan matériel et non-matériel. J’avais demandé : « Qu’est-ce que vous avez amassé ? Regardez autour de vous… »
Une réponse dans laquelle on va tous plus ou moins se reconnaître !
« Tous ces romans que je ne vais pas relire
Ces bijoux que je ne porte plus
Ces habits trop petits
Ces cours de ma formation de Qi Gong il y a douze ans
Ces CD aujourd'hui numérisés
Ces médicaments périmés
Ce (fidèle) nounours au fond de l'armoire
Ce jeu de société de mon enfance, dont je ne me souviens même plus d'avoir joué
La vieille valise sans roulette à la cave... »etc etc..
On peut déjà commencer là- placards et tiroirs ? Et regarder ce que nous avons accroché de nous à ces objets...
Moi j’ai parlé de la vie monastique qui est organisée pour que seul l’essentiel demeure : de quoi se nourrir et se vêtir, un endroit pour dormir, une communauté, une pratique.
C’est peut-être un peu extrême, et ne conviendra pas à tout le monde, mais c’est l’idée qui est importante : ôter de sa vie tout ce qui n’est pas essentiel. Essentiel à quoi ? A votre bien-être et à celui des autres.
Par où commencer ? Comment décider de ce qui est essentiel et de ce qui ne l’est pas ? Il y a je crois une réponse sûre :
regarder ce qui fait de l’ombre aux choses importantes qui devraient briller dans votre vie.
Voilà pour moi la meilleure façon de revenir à l’essentiel en enlevant ce qui encombre...
Autre réflexion à partir de « moins de .. . »
- Moins d’impatience- d’agacement- de ressassement - de pensées négatives à propos des personnes - de relations toxiques
- Moins d’utilisation d’ordinateur et internet ( en haut de chaque liste...)- de temps gaspillé- de mauvaise humeur- de choses à finir ou à ranger demain-d’exigence envers les autres…
A vous de vous regarder de près… ? De faire une liste… ? ( pour vous même ! On n’est pas en train d’aider les autres à s’alléger en leur expliquant ce qu’ils devraient faire...c’est tentant mais absolument non!)
Pourquoi est-ce que toutes les traditions spirituelles insistent-elles sur le « lâcher prise » ?
"Le renoncement, ce n'est pas d'abandonner les choses du monde, c'est accepter qu'elles disparaissent." Suzuki Roshi
On a beau se cramponner, les choses disparaissent, les situations changent, notre propre corps change…
Il ne s’agit pas du tout d’indifférence, pas du tout, mais ce qu’on va lâcher en vrai, en premier, c’est la racine, tout y revient, c’est notre désir que tout aille comme on veut, que ce qui nous plaît dure sans fin- notre désir d’être toujours rassasié, que ce soit physiquement ou mentalement, d’être plein, d’avoir toujours les mains pleines- mais alors comment recevoir encore ?
Comment laisser entrer la lumière dans une pièce emplie d’objets, de tentures, de meubles, de souvenirs, d’attentes, de regrets, d’illusions sur soi...etc !
L’attachement commence avec notre petit moi très avide: je veux ça, ça me plaît, je le garde, j’en veux encore, c’est à moi…
L’attachement ne porte pas sur les choses, mais c’est un état d’esprit : avoir plus et garder !
La base du non-attachement est la réalisation complète et simultanée de deux choses:
de l’impermanence: rien ne va durer de tout ce que l’on aime, mais aussi de ce qu‘on n’aime pas: c’est l’expérience de zazen, les bons, les mauvais moments- tout passe…
et de l’interconnexion de chaque chose – prendre conscience que nous vivons à travers le donner-recevoir, ne pas bloquer pas cette fluidité, cette circulation- c’est cultiver l'équanimité : prendre les choses et les situations « comme elles sont » et non comme je voudrais qu'elles soient, tout accueillir sans aversion. Pour aider, le sourire qui évite la colère, l'énervement et la rumination...
Bien sûr, l’idée de lâcher tout cela fait naître une grande peur. Hui Neng a dit : « Les gens ont peur de lâcher prise et de tomber dans le vide. Parce qu'ils ne savent pas que ce vide est le royaume même de tous les bouddhas. »
« Royaume de tous les bouddhas » : la libération de soi !
Que se passe-t-il quand on lâche? On fait tous cette expérience un jour ou l’autre. C’est surprenant :
plus de peur, juste ce moment et on s’aperçoit qu’on est rempli par l’essentiel, plein de choses que nous ne pouvons pas attraper: l’air, le soleil, la musique, l’amour, les autres, la joie...
Vous êtes tranquille, le coeur apaisé.Vous pouvez vous adapter à tous les changements qui se présentent -
A ce moment-là, la vie est une aventure! même la maladie et la mort…
Pourquoi ne pas laisser être, cette liberté totale, cette légèreté, ce rien qui est tout...
Pourquoi ne pas vous laisser porter par ce rythme, par cette respiration, par tous les bouddhas….
Commencer l’année avec M° Dogen : « Lâcher prise, lâcher un peu pour voir » ?
Et balayer les toiles d’araignée qui ont squatté nos têtes !
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