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Reconnaître nos erreurs et continuer notre chemin

Photo du rédacteur: Joshin Sensei Joshin Sensei

( Notes)

Alors aujourd'hui, ça m'ennuie un peu parce que je vais parler assez vite d'un point que je trouve très important, mais c'est un petit peu la règle du jeu, si je peux dire, je donne des pistes, des textes pour réfléchir, et le travail, l’apprentissage, est celui de chacun.e.

 

Donc c'est la lune nouvelle ce soir, c'est Uposatha, et cette cérémonie commence toujours par un moment que je trouve vraiment fondamental, par la lecture d’un texte. Il y a plusieurs titres ; moi ce que je préfère, c'est « Reconnaître nos erreurs » . Sinon, on l'appelle aussi « Repentance ou repentir » ou « Reconnaître nos fautes », mais moi je trouve que ce sont des mots trop chargés alors qu'il faut essayer d'arriver à la racine de la signification de ce texte.

Je trouve que c'est très important d'avoir deux fois par mois un moment pour regarder en arrière, regarder ce qu'on a fait, dit et pensé sachant que penser c'est aussi important puisque c'est la racine de ce qu'on va dire et faire ; et même si ça ne se continue pas dans le dire et le faire, il en reste une trace quand même et ça nous montre des chemins dans notre esprit qu’il faut mieux interrompus le plus tôt possible possible.


Le plus important dans ce moment, en lisant le texte, je pense que c'est de le faire avec justesse, c'est-à-dire avec un esprit juste, et il y a deux écueils à éviter.

Le premier, c'est que parfois on a dit ou fait des choses tellement lourdes pour les autres, et par conséquent pour nous même, qu'on n’arrive pas en sortir ; on est écrasé.e par le remords, on est écrasé.e par le chagrin, on est écrasé.e par la culpabilité.

 

Et ça c'est un problème parce que ça nous empêche de continuer, ça nous empêche d'aller de l’avant et surtout ça nous empêche de changer.

C'est quelque chose qui immobilise notre esprit dans un moment prècis et alors que c’est important de regarder, c'est important de considérer ce qu'on a fait, c'est important de le reconnaître pour pouvoir continuer à avancer parce que la vie va continuer et qu'il faut pouvoir prendre de nouveaux chemins autant que possible donc on ne peut pas s’enfermer dans le remords. Mais attention, je dis bien qu’il faut regarder pour changer- sachant que le changement ne se fera sans doute, peut être, pas en quelques jours, semaines, mois ou parfois années ! Mais il faut aller vers ( sans passer par-dessus)...

 C'est pour cela que je n'aime pas les mots « repentance ou repentir » parce que ça met le poids sur ce qui a été fait plutôt que sur la reconnaissance et la reprise d'un chemin.


 C'est le premier écueil ; le second, encore une fois je regrette parce que je vais beaucoup trop vite, tout ça il faudrait le développer mais je fais confiance qu’on va saisir l'idée générale de ce dont je veux parler ; le second écueil, c'est l'opposé. Soit la légèreté, «  Bon dans le fond, c'était pas grave » etc. parce qu'on a envie de se déculpabiliser mais ce n’est pas « juste », il faut regarder sérieusement les choses ; sérieusement : pas de façon lourde mais avec sérieux, sans les rejeter d’emblée pour être plus confortable.


L’autre côté, c’est le plus fréquent, c'est l'excuse absolue, utilisée tout le temps : « C’est pas de ma faute, c'est parce que l'autre m'a mis en colère... m'a obligé.e à faire ça, à dire ça etc ». On l'entend tout le temps, c'est très impressionnant en ce moment il y a un certain nombre de procès pour féminicide, et à chaque fois on entend ça « c'est pas de ma faute, c'est parce qu'elle m'a mis en colère... elle m'a obligée... ».Il faut regarder ça aussi en nous...

C'est terrifiant parce que tant qu'on est dans cet attitude, « c'est pas de ma faute », eh bien, c'est quelque chose qu'on va refaire encore et encore.

Donc il faut savoir que ce qu'on pense, ce qu'on fait et ce qu'on dit c'est notre responsabilité- quoique la personne d'en face ait fait. Cette responsabilité là, nous devons la prendre toujours : nos actes nous appartiennent. Ce que nous avons fait ou dit nous appartient, pas à l’autre personne. Voyez comme nous sommes prompts à revendiquer les choses « bien » que nous faisons : «  Ah, ça c’est moi qui l’ai fait » ! Nous pensons que cette réussite nous appartient .. mais le contraire, les choses douloureuses, injustes, etc que nous faisons nous appartiennent aussi !


Le texte «  Reconnaître nos erreurs »


« Toute la souffrance que j'ai causée aux autres et à moi-même découle des trois poisons sans origine, la colère, l'avidité et l'ignorance. Tout ce mal commis à travers mon corps, ma parole et mon esprit, aujourd'hui je le comprends de tout mon cœur »


Il ne s’agit pas de confession, il n’y a personne en face que vous même, et tous les Bouddhas ! Nous n’avons personne d’autre que nous même à ce moment-là-pour reconnaître nos actes.

Il ne s’agit pas de repentir car Katagiri Roshi dit que dans le bouddhisme, le repentir ne signifie pas s’excuser auprès de quelqu’un d’une erreur ou d’une faute. Ce rituel ne consiste pas à demander pardon à quelqu’un à l’extérieur . (même si cela peut- et doit- être ensuite nécessaire pour finir, clore cette reconnaissance!)


Mais cette démarche de lucidité tranquille nous amène à être présent au cœur de la paix et de l’harmonie. C’est une parfaite ouverture du cœur.

La compréhension de notre ignorance, la reconnaissance de nos erreurs et de la souffrance qu’elles entraînent rend notre vie paisible, selon Katagiri Roshi, dans l’Essence du zen. Il dit :

1- Prendre conscience du monde du cœur de la compassion, c’est accepter tous les êtres sans exception. Les Bouddhas et les Patriarches ont pris conscience de cette Vérité. C’est pourquoi en englobant tous les êtres animés et non animés, nous pouvons vivre chaque jour par-delà nos fautes et non-fautes, l’échec et le succès, le pour et le contre . Nous devons nous placer au cœur de la compassion, en plein milieu de l’immensité de l’univers. Il est cependant essentiel de ne pas nous attacher ni aux fautes, ni aux bonnes actions de notre vie-, lorsque nous les avons reconnues pleinement.


2-  La 2ème condition est que le « moi » doit accepter la compassion du monde de Bouddha. Nous devons vivre notre vie avec la pleine conscience que nous sommes déjà pardonné.es, que nous avons le droit de vivre et que nous devons rendre vivante notre propre vie. Il est expliqué que tout est déjà là et que nous devons apprécier notre vie mais également en être un acteur. Si on pensait : « L’univers prend soin de nous, alors il n’y a plus rien à faire », on serait complètement dans l’erreur, car l’univers fonctionne avec nous et il reflètera irrémédiablement nos actions.

Ce n'est pas ressentir la honte, la culpabilité, mais plutôt un travail du cœur, une reconnaissance du voyage de chacun dans le Samsara. »

Katagiri Roshi parle alors de gasshô, la façon de le pratiquer avec l’univers entier et en appréciant cette vie. Gasshô devient ainsi vivant et porte notre vie.


Je voudrais terminer en revenant sur deux passages de ce texte :

«  Comprendre de tout son coeur » : signifie ici comprendre que nous créons de la souffrance pour nous et les autres à travers nos pensées injustes, nos paroles blessantes, à travers nos actes égoïstes- Prendre profondément conscience de cela, en évitant les deux écueils de la culpabilité comme des excuses faciles, c’est nous permettre de prendre profondément la décision de commencer à vivre autrement, avec plus d’attention à ce que nous pensons/faisons/disons et avec bienveillance, envers nous comme envers les autres !


Donc pendant cette soirée, en premier lieu, un temps de contemplation pour réfléchir/revenir sur les actes que l’on pourrait appeler néfastes, ceux qui ont entrainés de la souffrance, qui ont introduit des graines de souffrance pour soi ou pour les autres. Cette prise de conscience va aider à ne pas répéter les mêmes processus, afin de couper la répétition des actes négatifs- plus ou moins vite ! Ca dépend de nous.

Ce sont ces actes négatifs, néfastes que l’on nomme ici le « mal » Tout le mal que j’ai commis…


Nous reconnaissons que nous sommes mus par notre colère, notre avidité, notre ignorance, les Trois Poisons- et nous faisons le voeu, à travers cette prise de conscience, de changer, d’aller vers ce que Shantideva a parfaitement exprimé : «  Mû par la Sagesse et la compassion... » Voilà le changement, la transformation, le chemin de notre vie...


Okumura Roshi dit que cette repentance est comme laver un linge avant de le teindre d’une autre couleur : nous passons de la couleur du « moi » qui réclame et qui veut et qui attrape tout par la reconnaissance, la repentance à la couleur de la Voie du bodhisattva, vivre pleinement dans l’harmonie et l’ouverture du coeur. Pour passer de l’un à l’autre, il faut passer par la reconnaissance juste de nos erreurs.


Je voudrais finir par cette stance de Honghzhi (Wanshi)

« Emerveillé.e, revenez de votre voyage. Reprenez le chemin et avancez. Partagez-vous avec grâce avec les centaines de brins d’herbe sur la place du marché. »

Prendre un nouveau départ, et avancer avec/pour/grâce aux autres...





 
 
 

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